Quand les hormones prennent trop de place : rééquilibrer en conscience
Fatigue inexpliquée, tensions corporelles, hypersensibilité ou sautes d'humeur. Chez les femmes, le corps parle à travers des cycles irréguliers, des douleurs menstruelles, ou un inconfort à la ménopause. Chez les hommes, c'est souvent une baisse d'énergie, des troubles de la libido, une perte de cheveux, une irritabilité accrue ou des problèmes liés à la prostate qui se manifestent.
Dans ces moments, on accuse souvent les hormones. Comme si elles agissaient contre nous. Mais les hormones ne sont pas là pour nous perturber. Au contraire! Elles sont là pour réguler et maintenir à tout prix un équilibre qui permet au corps de fonctionner, malgré les carences qu'il accumule.
Comprendre la sphère hormonale, c’est déjà sortir de la culpabilité. C’est retrouver du pouvoir sur ce qui semblait flou. Et c’est souvent par de petits gestes cohérents qu’on restaure un terrain plus stable.
Le système hormonal n'est pas une machine isolée
Les systèmes hormonaux féminin et masculin ne fonctionnent pas en circuit fermé. Ils sont en lien constant avec :
Le foie, qui métabolise et élimine les hormones usées
L’intestin, qui recycle ou élimine les œstrogènes selon l’état de la flore - une flore déséquilibrée peut alimenter une hyper-œstrogénie (1)
Le système nerveux, qui module les sécrétions selon le stress et son degré de sollicitation (soit dit en passant, nos ancêtres géraient 2.500 décisions à la journée, aujourd'hui, nous en prenons plus de 35.000, ce qui épuise le système nerveux via la surproduction de glutamate, un neurotransmetteur qui a des effets délétères sur l'organisme quand il est en excès)
Les glandes surrénales et thyroïdiennes, en interaction avec les ovaires ou la prostate
Ce système est donc extrêmement sensible à notre rythme de vie, notre alimentation, notre sommeil, notre capacité à gérer le stress. Il est vivant, adaptatif, et réactif.
Nota : Le système endocrinien est le système le plus lent du corps humain. Son cycle complet de renouvellement et de régulation s'étend sur environ 3 mois. Toute démarche visant à rééquilibrer les hormones nécessite donc patience et constance - les changements ne seront pas visibles du jour au lendemain, mais s'installeront progressivement.
(1) L'estrobolome est l'ensemble des bactéries de l'intestin qui est en charge de métaboliser les oestrogènes. Tout individu sain possède un estrobolome (nous parlons même de testrobolome pour la métabolisation des hormones androgènes). En cas de dysbiose intestinale, l'estrobolome est dérégulé et va à l'encontre de son rôle : au lieu de désactiver les oestrogènes usées, il va les réactiver, participant ainsi à augmenter la part d'oestrogènes circulant dans l'organisme https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31636122/
Les déséquilibres hormonaux les plus fréquents
Sans chercher à poser de diagnostic, certains signes peuvent refléter un terrain hormonal qui essaie de compenser un déséquilibre. Ce ne sont pas des anomalies, mais des langages du corps.
♀︎ Chez les femmes
Un syndrome prémenstruel marqué : fatigue, irritabilité, seins tendus, douleurs, tristesse inexpliquée, envies de sucre, constipation
Des cycles irréguliers ou absents, une ovulation peu perceptible
Une ménopause difficile à vivre : bouffées de chaleur, sécheresses vaginale et/ou oculaire, troubles de l'humeur ou du sommeil
Des troubles de la fertilité, des fausses couches précoces, un cycle sans vitalité
Une acné inflammatoire, notamment localisée sur le menton ou la mâchoire
Une prise de poids inexpliquée, localisée sur le bas du corps ou autour du ventre
Une fatigue chronique, avec des sautes d'humeur ou une hypersensibilité accrue
Perte de cheveux ou amincissement des cheveux : notamment au niveau de la raie centrale ou sur l'ensemble du cuir chevelu ou. à l'extrémité des sourcils, peut être liée à un déséquilibre thyroïdien, un excès d'androgènes (syndrome des ovaires polykystiques), un stress chronique ou une carence en fer
♂ Chez les hommes
Les déséquilibres hormonaux masculins sont tout aussi fréquents mais souvent moins relevés ou attribués à d'autres causes. Voici les signes principaux :
Déséquilibre de testostérone : baisse de libido, fatigue persistante, diminution de la masse musculaire, augmentation de la graisse abdominale, troubles de l'érection, manque de motivation
Excès d'œstrogènes : développement mammaire (gynécomastie), prise de poids, rétention d'eau, humeur instable
Troubles thyroïdiens : changements de poids inexpliqués, sensibilité au froid ou à la chaleur, troubles du sommeil, fatigue chronique
Déséquilibre du cortisol : stress chronique, fatigue au réveil, "coup de pompe" en milieu d'après-midi, difficultés de récupération
Problèmes liés à la prostate : mictions fréquentes (surtout la nuit), jet urinaire faible, sensation de vidange incomplète
Résistance à l'insuline et fatigue pancréatique : fringales, fatigue après les repas, difficulté à perdre du poids malgré l'exercice
Perte de cheveux anormale : si elle est plus rapide ou intense que l'alopécie masculine génétique habituelle, elle peut signaler un excès de DHT (dihydrotestostérone), un déséquilibre thyroïdien ou un stress chronique élevant le cortisol
Ces expressions ne sont pas à faire taire ou à dissimuler. Elles parlent d'un terrain surchargé ou d'un système qui compense, qui tente de s'adapter avec les moyens qu'il a.
Quelques pistes pour rééquilibrer en douceur
🍽️ Alléger la charge hormonale [♀︎♂]
Le corps ne produit pas seulement des hormones, il doit aussi les éliminer une fois qu'elles ont rempli leur rôle. Quand cette élimination est entravée, les hormones usées peuvent stagner ou être recyclées de façon inappropriée.
Quelques gestes utiles pour tous :
Réduire l'exposition aux perturbateurs endocriniens : plastique chauffé, cosmétiques conventionnels, produits ménagers agressifs. L'outil pour vérifier son degré d'exposition aux substances nocives
Alléger les surcharges alimentaires (produits transformés, sucres, excès de graisses saturées, trop de repas, trop de mélangisme, nourriture émotionnelle, nourriture non nutritive et carencée).
Soutenir le foie avec des plantes douces : romarin, artichaut, radis noir (avec discernement et selon la vitalité).
Privilégier une alimentation végétale riche en fibres et en crudités, qui capte les hormones à éliminer et favorise un bon transit.
🧠 Sortir du mode urgence [♀︎♂]
L’enjeu est souvent de retrouver un rythme physiologique stable, cohérent avec les cycles hormonaux. Cela peut passer par :
Ré-ancrer des horaires de repas et de sommeil réguliers, pour calmer l’axe surrénalien
Se reconnecter à la lumière naturelle (au lever, puis en fin d’après-midi)
Réduire les micro-stress invisibles : notifications, lumière bleue, sur-sollicitations mentales
Restaurer des temps de vide : marcher sans but, ne rien faire, ne rien consommer
Ce n’est pas tant la relaxation qui fait du bien que la sortie du mode “tension constante”. Le système hormonal a besoin d’un socle de sécurité pour se réguler, et surtout de repos régulièrement (au quotidien!).
[♂] Soutenir la sphère hormonale masculine : équilibre & vitalité
L'équilibre hormonal masculin est souvent négligé alors qu'il est tout aussi fragile et important que celui des femmes. Voici des approches spécifiques :
Pour l'équilibre testostérone/œstrogènes
Favoriser les exercices de résistance et l'activité physique régulière
Assurer un sommeil de qualité (entre 23h et 7h idéalement)
Réduire l'exposition aux phytoœstrogènes en excès et aux perturbateurs endocriniens
Maintenir un poids santé (le tissu adipeux transforme la testostérone en œstrogènes)
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Intégrer du zinc et de la vitamine D pour soutenir la production de testostérone
Pour la santé capillaire
Équilibrer le métabolisme de la DHT (dihydrotestostérone) avec des plantes comme l'ortie racine ou le palmier nain
Soutenir la circulation sanguine du cuir chevelu avec massage et huiles essentielles adaptées
Veiller à un bon équilibre thyroïdien, souvent impliqué dans les chutes de cheveux
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Réduire le stress chronique qui affecte le cycle de croissance du cheveu
Pour la sphère prostatique
Limiter les sources d'inflammation chronique (excès de viandes, de produits laitiers, d'alcool)
Favoriser les bons lipides (omégas 3, huile de cameline, graines de lin, oléagineux)
Soutenir l'élimination par le foie et les intestins (infusions, légumes amers, transit régulier)
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Phytothérapie adaptée : pollen de seigle, sabal serrulata (saw palmetto), ortie racine
Pour l'équilibre métabolique
Limiter les sucres raffinés et farines blanches qui déséquilibrent l'insuline
Favoriser les protéines de qualité
Opter pour des graisses saines (olive, avocat, petits poissons gras)
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Intégrer des minéraux essentiels (zinc, magnésium, sélénium)
Pour accompagner l'andropause
Adapter l'activité physique avec plus d'exercices d'équilibre et d'endurance
Soutenir la santé cardiovasculaire qui devient intimement liée à la vitalité hormonale
Surveiller la densité osseuse qui peut également être affectée
Privilégier les approches naturelles qui soutiennent la production endogène de testostérone plutôt que les substitutions
La santé hormonale masculine est le reflet d'un mode de vie et d'un environnement qui peuvent être ajustés avec une approche globale, dès les premiers signes.
[♀︎] Soutenir la sphère hormonale féminine : cycles & transitions
La santé hormonale féminine est rythmée par des cycles et des transitions qui demandent une attention particulière :
Pour un cycle harmonieux
Soutenir la phase lutéale (après l'ovulation) avec du magnésium et vitamine B6
Favoriser les aliments riches en zinc et oméga-3 qui soutiennent l'équilibre hormonal
Adapter l'activité physique selon les phases du cycle (plus intense en première partie, plus douce en seconde)
Éviter les jeûnes prolongés qui peuvent perturber les sécrétions hormonales féminines
Utiliser des moniteurs de contraception permettant de suivre le cycle de fertilité
Pour la périménopause et ménopause
Soutenir l'axe foie–intestin qui devient crucial dans le métabolisme des œstrogènes restants et soutenir la production de progestérone
Phytothérapie adaptée : sauge, houblon, cimicifuga selon les besoins spécifiques
Maintenir une activité physique régulière qui favorise la sensibilité aux hormones
Soutenir la densité osseuse par une alimentation riche en minéraux et vitamine K2
Accompagner la réorganisation hormonale en douceur avec des approches globales
Pour le post-partum
Ne pas précipiter le retour à la fertilité ou au poids d'avant
Nourrir le terrain avec des plantes toniques douces et un repos réel
Soutenir le microbiote maternel par une alimentation adaptée
Pour les déséquilibres liés au syndrome prémenstruel
Limiter les excitants (café, thé fort, alcool) qui surchargent le foie
Favoriser les légumes crucifères qui aident à métaboliser les œstrogènes en excès (choux, brocolis, artichaut, etc.)
Soutenir le système nerveux avec magnésium et plantes adaptogènes (rhodiola, ashwagandha)
Maintenir une glycémie stable pour éviter les sautes d'humeur hormonales (pas d'apport sucré avant 16h dans la journée)
Les déséquilibres apparaissent souvent quand ces passages sont accélérés, ignorés ou niés.
🧒 Soutenir l'équilibre hormonal des jeunes
Les transitions hormonales de l'enfance à l'adolescence demandent également une attention particulière :
Soutenir l'organisme sans surcharger avec des aliments riches en nutriments essentiels
Accompagner les changements corporels avec bienveillance et information
Favoriser une alimentation vivante, limitant les produits ultra-transformés et les sucres raffinés
Encourager une activité physique régulière qui aide à réguler les hormones naturellement
Veiller à un sommeil suffisant, crucial pour l'équilibre hormonal à cet âge
En conclusion : un système vivant, à réharmoniser en profondeur
La santé hormonale ne se résume pas à une question d'ovaires, de testostérone ou de pilule contraceptive. Elle repose sur l'équilibre global de l'organisme : qualité de l'alimentation, exposition aux perturbateurs endocriniens, état des intestins, charge mentale, rythme du quotidien.
Ce système, sensible et adaptatif, est souvent le reflet de notre environnement et de nos choix de vie.
Dans bien des cas, un travail axé sur le foie et les intestins suffit à améliorer notablement les symptômes hormonaux. Car ces organes filtrent, éliminent, trient. Quand ils sont saturés ou inactifs, c'est tout le système endocrinien qui compense… et s'épuise.
Rééquilibrer ses hormones, ce n'est pas remettre les chiffres dans les normes : c'est redonner au corps les conditions dont il a besoin pour retrouver son propre rythme. Dans ce sens, les hormones n'auront plus a être en excès ou en carence pour compenser un rythme qui ne nous convient pas. Avec patience - rappelons que le système endocrinien fonctionne sur un cycle d'environ 3 mois, ce qui signifie que toute démarche d'équilibrage hormonal nécessite une constance sur cette durée minimum pour observer des résultats significatifs. Avec cohérence - les actions isolées ont peu d'impact comparées à une approche globale. Avec respect - chaque corps a son histoire et son tempo propres.