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La sphère intestinale : quand le ventre parle

    Comprendre les troubles digestifs courants, leur lien avec notre mode de vie et les soutenir de manière douce, consciente et durable.

    Le système digestif est un univers complexe. En occident c'est le "deuxième cerveau", en orient c'est notre centrale énergétique. Il transforme, il trie, il absorbe, il élimine… Mais il digère aussi bien plus que de la nourriture. Il digère le rythme de vie, le stress, les émotions, les tensions non exprimées. Et lorsque le déséquilibre s’installe, c’est tout notre équilibre global qui peut vaciller.


    Ce que l’intestin n’assimile pas, il rejette… ou il garde

    Les troubles digestifs sont rarement isolés. Ils traduisent souvent une digestion partiellement ou mal effectuée. Quand certaines étapes sont zappées, comme par exemple une mastication trop rapide ou un repas pris sous tension, tout le système en aval se retrouve en difficulté.

    Cela commence (vraiment, vraiment!!) par la mastication : ce qui n’a pas été préparé correctement dans la bouche ne pourra pas être rattrapé par l’estomac ou par les intestins. Par ailleurs, une digestion efficace demande à ce que notre système nerveux fonctionne en état parasympathique (cela correspond à l'état de repos, de sécurité et de calme). Or, en état de non-parasympathique, de stress, de tension ou de manque de temps, TOUT ce qui permet la digestion est stoppé : la production des enzymes digestives chute, les sucs gastriques et pancréatiques viennent à manquer, le brassage stomacal se fait mal, le mouvement de péristaltisme intestinal, qui permet d'accompagner le bol fécal jusqu'au rectum, est bloqué, etc.

    Aussi, lorsque pendant des années nous avons mangé (et avons bu!) en mode automatique, sans nous demander si cela aidait ou agressait notre ventre, l’intestin vient à fatiguer dans sa fonction de tri : il n’assimile plus correctement, il laisse passer des éléments non digérés, il confond les nutriments “à garder”, des toxines “à éliminer”... C'est ce que nous appelons la porosité intestinale. Et quand cette porosité s'installe, nous sommes amenés à enchainer les évictions alimentaires. À juste titre! Ces évictions sont effectivement nécessaires car nous avons développé des hypersensibilités à certains aliments. Mais pour ne pas surveiller indéfiniment la moindre bouchée que nous avalons, il est crucial de régénérer, de soutenir, et de réparer la sphère intestinale. De cette façon, nous retrouvons des fonction optimales : une meilleure transformation des aliments, une meilleure assimilation, un regain d'énergie et une meilleure évacuation des déchets.

    Alors, c'est quoi la stratégie pour aller mieux? Avant de rééquilibrer, il est essentiel de stopper ce qui déséquilibre notre digestion.


    Faisons le point sur ce qui peut perturber l’intestin :

    Comme pour tout déséquilibre, il n’y a pas de cause unique. C'est un cumul de facteurs qui, à un moment donné, fait déborder le vase :

    • Un rythme de vie trop rapide (par rapport à ce que nous sommes en capacité d'endurer), sans pauses ni conscience du repas

    • Une alimentation déséquilibrée ou trop transformée (mélangisme et lourdeur des repas, aliments industriels et "non naturels", trop de sucre - le vrai fléau!, des cycles alimentaires non respectés, etc.)

    • Un terrain dysbiotique (déséquilibre du microbiote) (1)

    • Un stress chronique ou des tensions émotionnelles mal digérées (nous les sous-estimons souvent mais des émotions refoulées sont toutes aussi délétères que l'alcool par exemple)

    • Des traitements médicamenteux trop fréquents

    • Des antécédents de troubles digestifs non résolus

    • Des repas pris trop rapidement

    • Un manque de mastication

    • Etc.

    (1) On sait aujourd’hui que le lien entre dysbiose intestinale et troubles de l’humeur est avéré. Une étude impliquant l’Inserm montre notamment que le nerf vague, qui relie l’intestin au cerveau, joue un rôle déterminant dans la survenue de symptômes dépressifs en lien avec les déséquilibres du microbiote https://www.nature.com/articles/s41380-023-02071-6

    Par ailleurs, j'explique dans un article sur le sommeil que l'intestin est en charge de produire l'hormone précurseur du sommeil. Donc une dysbiose peut également affecter nos nuits.


    Une fois que le terrain a été dégradé, il n'y a plus vraiment de cause / conséquence claires. On observe un réseau d'influences mutuelles où les causes et les conséquences se confondent, créant des boucles de rétroaction qui peuvent amplifier ou maintenir les troubles digestifs. Alors comment rééquilibrer?


    Voici quelques pistes de "base-base" (comme disent nos amis canadiens!) et concrètes pour soutenir la sphère intestinale


    Le rythme et la qualité des repas sont essentiels

    • Manger dans le calme et en présence, en prenant le temps de mâcher longuement (en ayurvéda, nous disons même que l'aliment doit devenir liquide avant de pouvoir l'avaler),

    • Éviter, autant que faire se peut, les repas rapides, sur le pouce ou en multitâche,

    • Respecter une pause digestive de 4h entre les repas pour laisser l’intestin respirer,

    • Alléger le digestif en limitant le mélangisme alimentaire, en évitant des repas trop chargés et en instaurant 1x à 2x par semaine une monodiète (ne manger qu'un seul et même aliment à la place d'un repas, sans limite dans la quantité - pommes ou carottes ou riz blanc ou brocolis, etc.) ; ou en sautant carrément un repas - oui oui j'y reviens souvent à la monodiète...


    Soutenir la flore pour prendre soin de nos bonnes bactéries

    • Augmenter progressivement la part de crudités (selon la tolérance), en début de repas – cela active la production des enzymes digestives (idée : se faire des gros saladiers de légumes crus coupés en petit morceaux, ce qui permet de tenir plusieurs jours),

    • Intégrer des antifongiques naturels dans l’alimentation pour équilibrer les flores (aider les bonnes bactéries à lutter contre les mauvaises bactéries) : ail cru ou confit, oignon, échalote, curcuma, origan, cannelle, romarin, basilic, clou de girofle, gingembre,

    • Soutenir un terrain plus alcalin en mangeant des légumes verts et des graines germées, en buvant des jus de légumes faits à l'extracteur et des bouillons, etc.

    • Prévenir les proliférations bactériennes en se lavant les dents à l'eau oxygénée et au bicarbonate de soude (mélanger un peu de bicarbonate et d'eau oxygénée dans un petit verre et se laver les dents en brossant de haut en bas, depuis la gencive vers la dent, et non pas de droite à gauche, comme nous le faisons souvent). Finir avec un bain de bouche à la bétadine verte (mélanger 1/3 de bétadine verte dans 2/3 d'eau). Cela prévient les gingivites et les parodontites. C'est un bon rituel à faire entre 5 et 10 jours d'affilée, 1 fois tous les mois (pas plus, car cela attaque l'émail! En cas de doute, référez-vous à votre dentiste),

    • Utiliser un gratte-langue pour enlever la pâte blanche produite par la flore bactérienne de la surface de la langue.


    Hydratation, mouvement, bains dérivatifs

    • Boire régulièrement en dehors des repas une eau de qualité. De l'eau, de la vraie eau! (ne pas compter les café, les thés, etc. pour se dédouaner de boire davantage d'eau...),

    • Pratiquer une marche douce après les repas pour stimuler le péristaltisme intestinal, ou préférer un moment de calme, mais toujours en respirant avec conscience (l'oxygénation est très bénéfique à la santé intestinale),

    • Les bains dérivatifs (ou poches froides modernes) permettent de relancer l’élimination par le bas, calment les inflammations internes et rétablissent l’axe cerveau-intestin,

    • À compléter idéalement par un étirement du tigre : c'est une posture simple, inspirée du yoga, qui étire toute la chaîne digestive, qui soulage les tensions abdominales et qui favorise la relance de l’énergie dans la zone ventrale et l'irrigation sanguine dans le petit bassin.

    étirement du tigre

    L'étirement du tigre


    Les plantes digestives en infusion

    • Mélisse, fenouil, camomille matricaire, anis vert, romarin à prendre idéalement AVANT le repas, ce qui va activer la digestion. Trop d'eau pendant ou juste après le repas va diluer les sucs digestifs et les rendre moins efficaces,

    • L’aloe vera en interne (pure ou diluée), pour son action adoucissante et réparatrice sur la muqueuse intestinale (1 à 2 càs avant un repas).


    Pour aller plus loin, envisager un travail de fond sur :

    • Le soutien hépatique et la santé de la vésicule biliaire,

    • La désinflammation intestinale,

    • La relance enzymatique et le soutien du pancréas,

    • L'adoucissement & la régénération de la muqueuse intestinale,

    • Le rééquilibrage de l'acidité de l'estomac.


    En conclusion : écouter, ajuster, régénérer

    La sphère intestinale est sensible, vivante, fine. Ce n’est pas un système à contraindre, mais un terrain à soutenir, à rééduquer, à régénérer. Ce que l’intestin ne digère pas, il le garde… ou il tente de s’en défaire. Comment ? En activant une vidange via la diarrhée. Ou en redirigeant la surcharge ailleurs. La veine porte hépatique est utilisée pour dériver la surcharge intestinale vers le foie. Puis le foie essaie à son tour de s'en défaire en sollicitant la peau et/ou les voies respiratoires. Chaque organe se refile la patate chaude. Il n'y a rien de sorcier, c'est mécanique et plein de bon sens. On ferait la même chose! Qui a envie de garder un sac poubelle plein trop longtemps?

    Et n'oublions pas que le système digestif ne se réduit pas aux intestins mais il démarre dans la bouche! Ce que l’on ne mâche pas devient un indésirable : mal mastiqué, l’aliment ne peut pas être absorbé ni utilisé — il devient une charge de plus pour le corps. Et cela finit, tôt ou tard, par saturer. D’autant plus si, en parallèle, le système d’assimilation est lui-même affaibli, comme c’est souvent le cas dans les contextes de porosité intestinale.

    Les quelques clés que je vous ai partagées sont faites pour y piocher dedans, au besoin, et selon ce qui vous parle le plus. Prendre soin de ses intestins commence par respecter le rythme de son corps. C’est offrir à la digestion du calme, de la constance, et surtout de la régularité. Car ce qui fonctionne vraiment, ce n’est pas de bien mâcher une fois, ou de boire une infusion un jour… mais de poser des gestes simples, adaptés à vos vies, et surtout, répétés.


    Et pour cultiver la curiosité :
    Le charme discret de l'intestin de Giulia Enders
    Votre foie a besoin d'amour du Pr Henri Joyeux
    Les bains dérivatifs de France Guillain

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